La veille, j’ai découvert le bas de la vallée de Freissinières. C’est aujourd’hui le moment d’aller au fond de la vallée, à Dormillouse. L’inconvénient est que je ne peux pas m’y rendre à pieds, et qu’il n’y a bien sûr pas de transports en commun pour y aller. J’ai donc décidé de faire l’aller-retour de 32km au parking de Dormillouse à vélo; avant d’aller randonner 14km autour des lacs, 1000 mètres plus haut. Ce fût une journée intense, pleine d’efforts, de rebondissements et de surprises.
Dormillouse
La montée en vélo vers Dormillouse depuis l’Argentière-la-Bessée est un long faux-plat montant de 16 kilomètres, entrecoupé d’une grosse côte à Champcella. Le trajet est très agréable puisqu’il se fait en fond de vallée, le long de la Biaysse. Arrivé au parking de Dormillouse, je me rend compte qu’en saison estivale il doit y avoir plein de touristes! Mais pas d’inquiétudes ce jour, quelques voitures seulement sont présentes, et la randonnée des lacs n’est pas accessible à tous. La première déconvenue est de voir que le sentier vers le lac de Fangeas est fermé pour cause de travaux: Fangeas était en réalité mon objectif initial, et les lacs de Faravel et Palluel auraient du être atteints quelques jours plus tard! Ce n’est pas grave, je vais donc me lancer directement dans l’ascension des lacs de Paluel et Faravel.
La première étape de l’ascension est la montée vers le hameau de Dormillouse: aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est encore un hameau habité à l’année. Aucun véhicule à moteur ne peut monter sur ces sentiers, tout se fait avec des sortes de remorques. La montée se fait avec le torrent de Chinchin à gauche, haut lieu de canyoning, et pour cause! Les cascades sont immenses et très bruyantes, et les pratiquants de canyoning paraissent bien petits sur les photos. Les gorges creusées par le torrent sont profondes et magnifiques.
Au bout d’une vingtaine de minutes, le hameau apparaît sur un plateau, à 1600 mètres d’altitude: on y trouve un temple, des habitations, un gîte-refuge, et surtout de nombreux pâturages. La vie estivale y semble bien agréable, mais les habitants l’hiver se retrouvent alors totalement isolés. Il faut traverser le torrent de Chinchin (en veillant à bien refermer le portail à bétail derrière soi) pour trouver le sentier qui monte aux lacs.
L’ensemble de la partie forestière du sentier, sur 300 mètres de dénivelé, est commun à l’aller et au retour. Il faut profiter des arbres et de l’ombre qu’ils offrent, car les prochaines heures se feront sur un terrain désertique et exposé au soleil.
Les lacs de Faravel et du Palluel
Dès que la forêt disparaît, le paysage s’ouvre et on se rend compte de la montée déjà accomplie: la vallée de Freissinières s’étend au loin, avec le Piquet à droite. Le Piquet est un sommet flanqué de deux falaises qui mettent dans l’ombre le fond de la vallée une grande partie de la journée. Petite anecdote: sous l’ombre du Piquet, au parking, il faisait 3 degrés à onze heures du matin; dès que le hameau de Dormillouse (au soleil) a été atteint, la température est passée soudainement à 15 dégrés!
Plus le sentier s’élève, plus le paysage devient désertique; tout est sec, il n’y a plus d’arbres. Cela permet de parfaitement observer le lac de Fangeas, au loin, sous les falaises du Piquet. A la droite du sentier commence à apparaître le torrent des Oules, qui arrive directement du lac de Faravel, 400 mètres plus haut. Je ne perçois que difficilement le dénivelé à cause de la topographie des lieux, mais la montée vers Faravel fût difficile à cause du soleil et d’une ascension constante. Il n’y a aucune faune ou flore qui puisse justifier une pause. Je décide donc d’aller au lac Faravel où je ferai alors une pause repas.
Arrivé au lac, je ne suis pas le seul et je me rends compte que j’ai pris le sentier à l’envers! Tout le monde est monté par Palluel pour redescendre par Faravel: nombre des randonneurs croisés me confirment que la montée par Faravel est plus difficile que l’autre côté. Peu importe, le paysage est alors splendide, c’est la première fois que j’atteins (et vois) un lac d’altitude, creusé dans un cirque. L’ancien glacier de Faravel peut se distinguer au fond, mais il est désormais mort.
Pour aller au lac Palluel, il faut à nouveau monter pendant une grosse demi-heure. Le sentier longe les falaises et offre une vue à couper le souffle sur le Piquet et la vallée de Freissinières. Mais plus encore, c’est sur le Queyras, au fond, que mon oeil se porte. Au GPS, je suis exactement à l’altitude du lac de l’Ascension, où je serai quelques jours plus tard. Arrivé à Palluel, c’est un havre de paix: le torrent du Lait s’écoule tranquillement du lac, niché au pieds de plusieurs pics et de glaciers. J’y reviendrai sûrement à l’avenir pour y passer une nuit de bivouac.
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